Article à la une : Miranda Zhou-Galati, première danseuse
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Dans son dernier numéro, TOL met en lumière Miranda Zhou-Galati, première danseuse de Shen Yun. Miranda danse avec Shen Yun depuis 2006. En 2014, elle a remporté la première place lors du Concours international de Danse classique chinoise de la télévision New Tang Dynasty (division adulte femme), la deuxième place dans le même concours en 2012 et la première place en 2010 dans la division junior femme. Pendant la saison 2017-2018, Miranda était en tournée avec la Shen Yun Touring Company, en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en Océanie.
Extrait de l’article Poetry in Motion, TOL
Si la poésie pouvait s’animer, vous verriez Miranda Zhou-Galati danser. En tant que l'une des premières danseuses de Shen Yun Performing Art, son art s’exprime comme un sonnet composé par son âme : authentique, innocent, noble et joyeux.
L'artiste met l’accent sur sa nature intérieure, appelé « maintien » ou le « yun » de Shen Yun. Il s’agit de la distinction fondamentale entre la danse classique chinoise et d'autres formes de danse. Le yun a un point de départ différent : c'est un voyage de l’intérieur vers l’extérieur. La relation étroite de Miranda avec sa nature profonde lorsqu’elle danse est si claire, vraie et sans équivoque que j'ai été surpris d’apprendre que tout n’avait pas commencé ainsi.
Née à Toronto d'un père italien et d'une mère chinoise, le yun constitua un nouveau concept pour Miranda qui, plus jeune, étudia le ballet.
Bien qu’ils soient séparés géographiquement, Miranda trouve que son héritage occidental et asiatique sont proche dans leur essence.
« J'ai l'impression que la Renaissance italienne est semblable à la culture chinoise classique : une période pendant laquelle les gens entretenaient plus de liens avec le ciel », dit-elle, surtout lorsqu'ils se trouvaient dans des lieux tels la chapelle Sixtine et sa basilique. « Vous pouvez le voir dans leurs peintures, quand les personnages sont dirigés vers les hauteurs, ou quand vous voyez une auréole derrière leur tête. La foi, la croyance et le lien avec le divin étaient évidents dans l’antiquité, mais ne l’est plus tellement en ces temps modernes. »
Le maintien
« Au début, c'était un peu difficile parce qu'étant l'une des rares danseuses non 100% chinoise, j'ai dû chercher ce yun, ce maintien, cet esprit intérieur », explique Miranda. « Ce fut l'un de mes plus grands défis. »
Bien que le fait de cultiver le yun ait mis à l’épreuve la jeune danseuse, c’était aussi la danse classique chinoise elle-même qui l'intriguait le plus. « L’esprit intérieur d'un interprète est vraiment incroyable », dit-elle. « La danse classique chinoise possède un immense répertoire d’expressions et un énorme potentiel créatif. Elle peut aussi bien interpréter avec légèreté les mouvements de la vie quotidienne qu’exprimer les bouleversements des tréfonds de son âme, ce qui est très, très différent du ballet. Je pense que ces deux formes d'art sont extrêmement différentes, en fait. »
Cultiver le yun commence souvent avec des livres. « J'essaie d'en apprendre davantage sur la culture chinoise, la danse classique chinoise et l'histoire », dit Miranda. « Quand j’interprète un personnage, j'apprends ce qui le rend unique, comment il se tient, quels étaient ses ressentis à l’époque.
Ce qui est toujours vrai dans l'apprentissage de ces légendes est que « les gens accordaient beaucoup d’importance aux valeurs et aux caractéristiques morales. C’est une partie très importante de la danse classique et de la culture chinoise ».
Une fois que Miranda comprend le contexte du personnage, elle intègre l'esprit au mouvement. « J'essaie différents mouvements et je cherche à trouver leur raison d’être ». Elle se demande : « Qu'est-ce que ce mouvement essaie d’exprimer ou quel genre de sentiment essaie-t-il d’exprimer à ce moment-là ? »
Miranda mêle alors la préparation intellectuelle et physique, adoptant la perspective qu'elle ne représente pas simplement le personnage : elle est le personnage. Faire semblant serait fallacieux.
Avec l'attitude douce et gracieuse de Miranda, il est facile de comprendre pourquoi l’interprétation de « personnages féeriques et célestes » est si naturel à cette charmante danseuse. Mais cela l’était moins pour un personnage légendaire de la Chine ancestrale (et même de la pop-culture actuelle).
Mulan
« Mulan a plus de puissance. Elle incarne le courage et possède l’aura d’un guerrier », dit Miranda, qui a passé des heures interminables dans la bibliothèque et devant un miroir dans le but d’ incarner cette brave héroïne. « C'était plus difficile non seulement pour le maintien et l’expression des sentiments, mais aussi dans la forme d'art. Les mouvements de Mulan expriment une grande force et sont plus vifs, concis et plus forts que ce à quoi je suis habituée. »
À l'approche d'un important concours, Miranda a été confrontée à un obstacle de plus, quelque chose que seul le cœur de Mulan pouvait aider à surmonter. « Pendant la répétition, j'ai fait un saut. Quand j'ai atterri, je me suis tordu la cheville », dit-elle. « J'étais étendue par terre et là, j'ai réalisé que c’était mon propre corps et que je pouvais le contrôler. Donc, si je pense « je vais bien », je vais bien aller. Je me suis levée et j’ai terminé la danse même si mon pied me paraissait extrêmement mou et que l'os semblait similaire à de la gelée. Dans la culture chinoise, nous disons que l'esprit et le corps ne font qu'un, donc si votre esprit est fort, alors votre corps devrait bien aller ».
Refusant de céder à sa blessure, Miranda s’est inscrite au concours pour interpréter Mulan. « Je sentais que mon os et mes muscles étaient encore tendus. Mais je pensais que je devais être plus altruiste, cesser de penser à mes petits bobos, les tolérer, persévérer et passer au travers, parce que ce que nous faisons est d’une grande importance », dit-elle, en pensant à la mission de Shen Yun de faire revivre la danse classique chinoise.
Elle est donc montée sur scène et la douleur s'est apaisée alors qu’elle ne se concentrait plus que sur une seule pensée : « Je dois présenter au public ma meilleure performance ». Elle le fit et remporta la médaille d’or.
Au fil des années, malgré la douleur, la fatigue et d'autres difficultés, rien ne peut se comparer à son lien avec les spectateurs. « J'essaie vraiment d’établir un contact avec le public quand je suis sur scène », dit-elle. « S'ils se sentent émus, je peux les voir pleurer, ou s'ils sont heureux, je peux voir de larges sourires sur leurs visages. Pour le public, c'est quelque chose de très grand, je le ressens comme une sorte d'espoir pour l'humanité ».