Des mères inoubliables
De l’antiquité à nos jours, la culture chinoise a célébré certaines mères remarquables. Voici, ici, grâce aux spectacles de Shen Yun, quelques-unes d’entre elles qui valent la peine d’être connues.
Yue Mu, la mère du loyal Yue Fei
Le grand général Yue Fei est né au XIIe siècle, à la fin de la Dynastie des Song du Nord. Au moment de sa majorité, la Chine a été envahie au nord et le besoin en guerriers capables s’est fait cruellement sentir. Yue Fei s’est retrouvé face à un dilemme : combattre les envahisseurs et défendre son pays ou s’occuper de sa mère âgée à la maison.
Constatant que son fils était déchiré entre les vertus conflictuelles de loyauté et de piété filiale, Yue Mu lui a demandé d’enlever sa chemise. Elle a alors sorti son aiguille et a tatoué quatre idéogrammes sur le dos de son fils : jing zhong bao guo – « Sers ton pays loyalement ».
Avec la bénédiction de sa mère, Yue Fei a pu alors remplir le désir de sa mère et son devoir envers son pays. Il est devenu par la suite un des généraux les plus célébrés en Chine et un symbole persistant de la loyauté.
Une anecdote liée à cette histoire est que le nom « yue mu » signifie également belle-mère. Ce qui fait que si vous parlez de cette histoire en chinois, on croira peut-être – à tort – que vous parlez du tatouage fait dans votre dos par votre belle-mère.
She Taijun « une amazone chinoise »
She Taijun, une guerrière qui a existé elle aussi pendant la Dynastie Song, a combattu dans sa jeunesse aux côtés de son époux jusqu’à la naissance de leurs enfants. Plus tard, grâce à sa médiation ingénieuse, ses fils ont épousé d’autres guerrières de talent. La famille s’est agrandie et elle est devenue la matriarche du célèbre clan des Yang, une famille honorée pour son courage et ses sacrifices.
Quand la Dynastie Song a été à nouveau envahie, tous les guerriers de la famille sont allés défendre le pays, les uns après les autres, mais ils ont tous trouvé la mort sur le champ de bataille. Son petit-fils lui aussi, dernier héros de la famille, a disparu au combat. Face aux troupes des envahisseurs qui avançaient rapidement sur le sol de la mère patrie, She Taijun, qui avait alors plus de cent ans, a encouragé la veuve de son petit-fils, Dame Mu Guiying, à prendre les choses en main. Grâce au commandement de Mu, les guerrières du clan des Yang ont mis en échec les envahisseurs et sauvé la dynastie.
Plus sur cette histoire et le clan des Yang
Une mère piégée dans une montagne
Loin des champs de bataille, au sein-même des légendes, vivait une déesse-mère connue sous le nom de San Sheng Mu. Après être descendue sur terre et avoir erré dans la forêt, la déesse rencontra et épousa un jeune érudit à qui elle donna un fils. Observant cela depuis en haut, son frère entra dans une grande colère face à cette violation des décrets célestes – comment une divinité pouvait-elle oser épouser un mortel ? Furieux, il enferma sa sœur à l’intérieur d’une montagne.
Il ne restait plus à la mère qu’à attendre et souffrir. Pendant ce temps, le jeune demi-dieu grandissait et parcourait la forêt à la recherche de sa mère. En chemin, il rencontra un maître taoïste qui lui enseigna certaines techniques et lui fournit une hache magique. Le garçon se battit alors avec son oncle, le mit en échec, visa la montagne avec son arme et, en un seul coup, fendit la montagne en deux. Libérée, sa mère put alors l’embrasser tendrement.
L’histoire d’une mère contemporaine
En 2011, la danse de Shen Yun « Sans regret », ne se réfère pas à une mère en particulier mais représente un nombre incalculable de mères en Chine de nos jours. La mère présentée ici vient d’une famille qui a vécu une persécution injuste, qui a peut-être perdu son fils suite à la brutalité du régime communiste et qui a besoin de trouver courage et force pour continuer.
Dans cette danse, une mère et son fils profitent l’un de l’autre en se promenant dans la campagne chinoise par une belle journée. Ils s’assoient pour lire un livre ensemble. Ce livre contient les enseignements de la paisible discipline spirituelle du Falun Dafa, dont les pratiquants sont persécutés en Chine de nos jours. Et en effet, des voyous engagés par le Parti communiste arrivent sur les lieux, prennent le livre et la vie de son fils. Mais au moment-même de ce déchirement, une scène divine apparaît, permettant à la mère et à son fils de se retrouver une fois de plus.
La mère du philosophe Mencius
Mencius, un des plus grands philosophes de la Chine, a vécu au IVe siècle avant J.-C. Aujourd’hui, soit quelques 2000 ans plus tard, on rend hommage à la grandeur de sa mère dans une expression chinoise : « La mère de Mencius a déménagé trois fois. »
Le père de Mencius est mort peu après la naissance de son fils et sa mère s’est trouvée face aux difficultés d’élever ce garçon avec très peu de moyens. Cherchant un bon environnement pour son fils, elle a déménagé trois fois. Leur premier domicile se trouvait près d’un cimetière, mais quand sa mère a réalisé que le jeune garçon imitait les processions funèbres, elle a décidé de déménager plus près de la place du marché. Elle a remarqué alors qu’il imitait les voix des commerçants en train de marchander. Elle a rassemblé alors leurs biens et a déménagé près d’une école. Dans cette troisième maison, elle a constaté que son fils imitait les érudits dans leurs façons d’étudier et alors, elle est restée.
Cette histoire n’a pas encore été présentée sur scène par Shen Yun, mais peut-être le sera-t-elle un jour ? Restez branché parce que, chaque année, Shen Yun présente un tout nouveau programme. Qui sait quelles mères nous allons rencontrer au cours de la prochaine saison…
8 mai 2013