Le journal Santa Barbara Independent : la danse classique chinoise de Shen Yun
On pourrait s'attendre à ce qu'une compagnie de danse, basée aux États-Unis, produise un résultat chinois peu authentique. Cependant, Shen Yun est fière de perpétuer les traditions de la danse classique chinoise comme on ne le fait pas en Chine, où l'influence du régime communiste continue à limiter l'expression artistique.
Pour cette raison, beaucoup d'artistes et d'organisations dont le travail vise à préserver ces traditions aujourd'hui sont implantés hors de la Chine. C'est le cas de Shen Yun Performing Arts, une organisation à but non lucratif, fondée il y a huit ans dans le nord de l'État de New York. La vocation du groupe est de préserver les techniques et l'art de la danse classique chinoise et de transmettre la beauté de la forme à un public international. Ce week-end, le spectacle fait son entrée à Santa Barbara.
« La révolution culturelle a été en réalité une sorte de révolution anti culturelle », explique la maîtresse de cérémonie Kelly Wen dans une récente interview au téléphone. « Des temples, des statues et des livres ont été brûlés et détruits. Beaucoup d'arts étaient interdits. Pour les artistes, c'était comme une sorte de persécution soudaine, mais ils ont gardé les histoires et les traditions dans leur cœur. Quand ces artistes sont allés vivre à l'étranger, ils ont eu la possibilité de continuer leur travail. »
De nos jours, l'un des épicentres de la danse classique chinoise est l'Académie des Arts Fei Tian, située à Cuddebackville, dans l’État de New York. C'est là que de nombreux membres de Shen Yun suivent une formation ardue avant de rejoindre la compagnie. D'après Kelly Wen, la majorité des formations en danse classique proposées en Chine sont mélangées au ballet occidental, au jazz et à d'autres formes non autochtones ; à Fei Tian, on prend au sérieux la préservation de la pureté de la forme.
« La danse classique chinoise, complexe et riche, a été transmise de génération en génération », explique-t-elle. « Depuis son origine à la cour impériale, la danse s’est affinée pour devenir cet art complet – proche du ballet, elle offre cependant une bien plus grande expressivité émotionnelle. » Beaucoup des danses que Shen Yun apportera à Santa Barbara illustrent des légendes chinoises anciennes et font appel aux talents d'acteurs des danseurs, ainsi qu'à leur formidable habileté technique.
« Le maintien de chaque danseur – comment chaque personne bouge et respire – est différent », explique Kelly Wen. « Chacun apporte sur scène un sentiment différent. »
La majorité des danseurs de Shen Yun sont chinois mais ont grandi ailleurs – à Taïwan, en France, en Angleterre et aux États-Unis, entre autres pays. C'est aussi le cas pour les membres de l'Orchestre Shen Yun qui joueront en direct au Granada ce week-end. L'orchestre est composé à la fois d'instruments occidentaux et chinois, y compris le violon à deux cordes appelé le erhu et un luth à cordes pincées, le pipa.
Entre les musiciens, les danseurs et l'équipe de production, Shen Yun voyage en tournée avec environ 100 personnes. Les créateurs de costume de la compagnie étudient les tenues traditionnelles de différentes périodes de l'histoire de la Chine avant de créer des pièces au design unique, faites à la main, dont beaucoup sont en soie.
Pour compléter ce spectacle visuel, cette production utilise une toile de fond animée, conçue pour transporter les spectateurs dans différentes régions et ères de la Chine, des plaines herbeuses de l'actuelle Mongolie aux somptueuses cours impériales des dynasties Tang (618-907) et Qing (1644-1912).
Étant donné l'ampleur de ce spectacle de deux heures, il est utile d'avoir un maître de cérémonie pour guider les spectateurs. Pour Kelly Wen, c'est un grand honneur de présenter aux publics des quatre coins du monde le meilleur de la culture chinoise.
« De nos jours, beaucoup de jeunes chinois ne peuvent se référer à leur culture ancienne parce qu'ils ont grandi sous le régime (communiste) », remarque-t-elle. « Heureusement, nous avons pu faire revivre ces traditions. On peut imposer des lois sur les arts, mais les artistes finiront par trouver un moyen de s'exprimer librement. »