Le voyageur à la trompette
LE CHEMIN IMPROBABLE D’ÉRIC ROBINS AU CARNEGIE HALL
Le trompettiste Éric Robins est le roi des chaises musicales ---- il ne sait jamais où la musique l’emmènera ni sur quelle chaise il s’assiéra la prochaine fois.
La plupart des gens suivent leur cœur, mais Robins suit ses oreilles. Lorsque le devoir l’appelle, il part en escapade vers des terres lointaines, du Mexique au Kazakhstan, en passant par la Chine. Mais qu’il soit sur une plage de Floride ou à un match de football américain à Boston, sa trompette n’est jamais loin. C’est sa compagne en cuivre qui lui ouvre de nouvelles portes, lui donnant d’innombrables opportunités d’explorer le monde.
Sa dernière mission ? Marier la musique classique occidentale à des mélodies orientales anciennes au cours d’une tournée dans sept villes avec le Shen Yun Symphony Orchestra. À partir de fin septembre, Robins voyagera avec l’orchestre symphonique de la côte Est à la côte Ouest, jouant au Carnegie Hall le 5 octobre 2013.
L’orchestre symphonique fait partie de Shen Yun Performing Arts – la compagnie dont le spectacle de danse et de musique a fait le plein au Lincoln Center en avril dernier. Basée à New York, la compagnie a fait ses débuts avec le Shen Yun Symphony Orchestra au Carnegie Hall l’automne dernier. C’est le seul orchestre qui allie de façon permanente instruments occidentaux et chinois et qui interprète des chefs-d’œuvre classiques en plus de compositions originales écrites en styles chinois traditionnels. Cet orchestre, pont mélodieux entre orient et occident, a le bonheur de compter parmi ses membres tout un ensemble de musiciens venus du monde entier, faisant de Robins l’homme parfait pour le rôle.
Depuis son enfance, Robins a été entouré par la musique. Sa mère jouait du piano, sa sœur du cor français et son père pouvait gratter une chanson sur sa guitare. Mais c’est son grand-père qui lui a appris comment souffler dans son premier cuivre. Chaque semaine, il suivait des cours dans le sous-sol de son grand-père, entouré des peintures de sa grand-mère et de l’odeur de la campagne de l’Illinois.
« C’était toujours pour le plaisir, » se souvient-il, « ce n’était jamais pénible. »
Robins a continué à jouer pendant toute sa scolarité, mais n’avait jamais envisagé de devenir professionnel avant sa dernière année au lycée. Il a travaillé comme livreur de journaux, cuisinier dans un restaurant français et italien et, une fois, il a même pensé à travailler à la State Farm Insurance, un établissement basé à Normal dans l’Illinois, sa ville natale. Mais lorsqu’il a vu les bureaux, des cubes de quatre par quatre sans fenêtres, il a su que ce travail n’était pas pour lui.
Il a donc décidé d’affiner ses talents et de devenir musicien professionnel. Il s'est alors rendu compte qu’il était tombé sur une heureuse manière de transformer un passe-temps en carrière.
« J’ai toujours eu de petites lumières clignotantes qui me guidaient, me disant que j’étais sur la bonne voie, » a commenté Robins. Il a vu comment les autres musiciens étaient entièrement immergés dans ce qu’ils faisaient et leur dévouement l’a inspiré. « Il me fallait simplement continuer jusqu’à ce que j’arrive à une connexion profonde, une passion profonde. »
Il a obtenu une licence en musique de l’Université de l'Illinois puis est allé étudier au New England Conservatory de Boston. Il s’est alors produit avec plusieurs compagnies, y compris l’Orchestre Symphonique de Boston et l’Orchestre Symphonique de Daegu de Corée, son travail l’a emmené autour du monde.
L’année dernière, il a rejoint Shen Yun Performing Arts pour jouer dans l’orchestre qui accompagne son spectacle de danse, et qui, en 2013, a tourné en Amérique du Nord et en Amérique du Sud avec plus de 100 représentations. Ce mois de décembre 2013, il rejoindra la compagnie pour une tournée en Asie et en Australie.
Mais d’abord, il se joindra aux trompettistes accomplis de Shen Yun, Kaspar Martig et Alexander Wilson, à quatre chefs d’orchestre et à environ 100 musiciens pour former le grandiose Shen Yun Symphony Orchestra. L’orchestre symphonique rassemble les quatre orchestres de la compagnie en tournée pour jouer principalement un répertoire presqu'entièrement composé d’œuvres originales qui sont devenues les morceaux préférés des fans – des pièces telles que Rêve à Dunhuang, Danser pour le divin, Flocons de neige accueillant le printemps et Création.
« J’aime les grandes sections de cuivre, les cordes, les bois, un bon joueur de timbales à l’arrière, les salles de concert, la scène » assure Robins en parlant de son expérience. « Il y a tellement de choses magiques. »
Dans ces morceaux, Robins utilise son articulation et ses nuances pour représenter différents personnages, différentes humeurs et de temps en temps il prend des risques. « Toujours à l’intérieur du cadre, néanmoins, » précise-t-il en riant. En répétant les morceaux, il se dit que « les principes restent les mêmes mais les méthodes peuvent changer et à l’intérieur de ces méthodes, je peux avoir des approches différentes. »
En tant que professionnel, les exigences sont plus élevées, les responsabilités plus lourdes. Jouer de la trompette peut parfois paraître mécanique et monotone, donner note après note, gamme après gamme. Il y a des jours de répétitions sans fin où Robins se retrouve scotché sur une chaise pliante, étourdi par les ouragans de doubles croches, les yeux poursuivant fiévreusement la baguette magique du chef d'orchestre.
Mais il adore souffler dans sa trompette. Il n’a pas de regrets parce qu'il trouve toujours différentes manières de rendre son travail amusant. Dès qu’il met sa trompette dorée à ses lèvres, une mélodie vibrante éclaire la salle toute entière, restant en suspend dans l’air avant de disparaître à travers les murs. Chaque note qu’il affirme enchante son public avec une confiance subtile.
Maintenant, alors que le Shen Yun Symphony Orchestra se prépare pour sa première tournée, Robins se prépare pour une nouvelle partie de chaises musicales. De nouveau, l’itinérant à la trompette ne restera pas longtemps sur la même chaise parce qu’ils ne joueront qu’un seul jour dans la plupart des villes. Et pour ceux avides de nouvelles expériences musicales, ils auront l’occasion de se joindre au jeu en attrapant une chaise (musicale) avant que la musique ne cesse. Après tout, qui voudrait être le dernier debout ?